Reprendre Racine - Camille Nivollet
« Le premier jardin est celui de l’homme ayant choisi de faire cesser l’errance » se plaisait à dire le paysagiste et créateur du jardin du musée du Quai Branly, Gilles Clément.
Dans le département des Yvelines, en zone périurbaine, il est un de ces jardins, né il y a dix ans, qui accueille aujourd’hui des âmes qui ont dû quitter leurs terres. Sur ce sol dédié à l’insertion sociale et professionnelle fondée sur l’activité de maraîchage, une vingtaine de personnes en grande précarité, dont des réfugiés politiques, s’affaire sur ce terrain depuis le semis jusqu’à la vente des paniers de légumes.
Afghans, Français, Soudanais, Tibétains… Ces femmes et ces hommes aux parcours et aux cultures différentes se retrouvent ici, ensemble : « le jardin échappe aux divisions culturelles » (Gilles Clément) et permet à ces déracinés de se réimplanter.
J’ai suivi certains d’entre eux au sein de cette scénographie de l’apaisement et jusque dans leur intimité. *Latif et *Farzana, réfugiés politiques afghans. *Valérie qui a dû fuir la Sarthe avec sa fille après avoir dénoncé un réseau de prostitution. Aurélien, en situation de précarité suite à une succession d’événements personnels qui ont bousculé sa vie.
Des jardins comme celui-ci, il en existe trois autres en région parisienne. Ils sont dirigés par l’association « Les jardins de Cocagne d’A.C.R. » (Agir Combattre Réunir). Le 22 octobre 2019, je commençais à photographier les salariés dans le jardin. De fil en aiguille, je me suis passionnée pour ce thème du « jardin qui répare». Ce reportage est toujours en cours.
*Pour protéger leurs familles ou par choix personnel, ces quatre protagonistes m’ont demandé de modifier leur prénom et ne pas dévoiler leur lieu d’habitation ni le lieu du jardin